C’est la forêt sauvage où tout un monde grouille,

Où l’obscurité sombre et vaste se verrouille

Et fait dans la nuit noire une plus noire nuit;

Où tout menace, où tout se hérisse, où tout nuit,

Où tandis que les yeux devinent des cavernes,

On entend vaguement bouillonner les Avernes.

Là, dans cette funèbre et vivante prison,

Tout est colère, tout est piège et trahison;

L’épouvante fait fuir les tremblantes gazelles.

Sur votre front glacé passent de grandes ailes

Et vole, furieux, le souffle de la mort.

La ronce vous déchire et la gueule vous mord,

Le serpent sous vos pieds glisse au bord des abîmes,

L’obscurité s’emplit de carnage et de crimes;

On marche dans la chair et dans les ossements,

Et de longs hurlements et des rugissements,

Épars dans l’ombre triste et sous les hideux voiles,

Montent vers le ciel noir que percent des étoiles.

Cette forêt bruyante, où gémissent les flots

Et les plaintes et les fureurs et les sanglots,

C’est toi, Cité pleurant et râlant, c’est toi, Ville,

Tout entière livrée à la matière vile

Et d’où le chaste azur s’efface et disparaît.

C’est toi, la fourmillante et sinistre forêt

Où, poursuivant leur proie avec des cris atroces,

Les hommes pantelants sont les bêtes féroces!
Samedi, 9 avril 1887.

Évaluations et critiques :

La Forêt
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