Dans le vieux cimetière…

Dans le vieux cimetière, où cette chaude pluie

Sur l’aubépine en fleurs

A versé, dans un flot que le soleil essuie,

Des parfums et des pleurs ;
Au coucher du soleil, dans le vieux cimetière

Où, sur chaque tombeau,

Des bouquets de rayons empourprent l’humble pierre,

Entrons, il y fait beau !
Le ciel, bariolé par la métamorphose

De son limpide azur,

Borde joyeusement d’écume grise et rose

Son grand lac d’un bleu pur.
Puisqu’ils vivent encor dans ces riants calices

De soleil amoureux,

Les morts qui sont couchés dans ce lieu de délices,

Ils doivent être heureux !
Leur âme nous parfume, et la grande Nature,

Si pleine de raison,

A fait avec leurs corps tombés en pourriture

Sa belle floraison.
Oui, c’est d’eux que nous vient cette ombre douce et triste ;

Et ce sont eux encor

Ces bouquets de corail, ces thyrses d’améthyste,

Ces riches grappes d’or !
Ce sont eux ces rosiers aux mille roses blanches

Et ces amaryllis,

Et ce bleuet céleste et ces tendres pervenches,

Et ce sont eux ces lys !
De même la Nature, avec mélancolie,

Jusqu’au matin vermeil

Laisse la vaine cendre en nous ensevelie

Pourrir loin du soleil ;
Haine, douleur, néant de la gloire et du crime,

Illusion d’un jour ;

Et, baignant de rayons tout ce fumier sublime,

Elle en fait de l’amour !
Mai 1845.

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Dans le vieux cimetière…
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