Plus tard, par l’allée italienne,
J’irai l’après-midi, longeant les murs du temps,
Promener dans sa grâce nouvelle
L’enfant de mes soucis.
Cœur à cœur
Je lui dirai sa venue
Sans mystère en mon cœur.
Le secret de son nom par nos lèvres béni.
(Ah ! Que j’aimais ces vœux
Qui m’ont conquise et menée.
Cet œil bleu de déraison,
La mauvaise saison de cette année
Sur les plantes,
Ce front qui refusait de s’ouvrir au bonheur
Et mon bonheur de tant aimer.)
Pas à pas
Côte à côte,
Par l’allée italienne,
Mon fils et moi irons
Chantant les premiers mots de sa vie,
Le regard de son œil
Par la feuille verdie
Et, pris entre mes mains,
Ses doigts humides,
Ses mains,
Seront les fruits de mes baisers.
Enfants de mes soucis,
Enfant mort,
Enfant qui jamais ne jouera de ma vie,
Je ne tiendrai pas tes mains entre les miennes.
Je ne sentirai pas ta tête
Comme la sienne
Appuyée à mon sein,
Tu ne riras pas de moi
Comme il riait.
Je ne te verrai pas courant,
Sautant,
Ou tournant vers moi,
Bleu de déraison,
Ton bel œil sans desseins
Par l’allée italienne.
1945
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