Guillaume de Saluste du Bartas

Poète, Écrivain
Nationalité : France
Date/Lieu de naissance :1544, France
Date/Lieu de décès :28 août 1590, Mauvezin, France
Guillaume de Saluste du Bartas, ou plus simplement Guillaume du Bartas, né en 1544 à Monfort et mort le 28 août 1590 à Mauvezin, est un écrivain et poète français qui fut très en faveur auprès des lecteurs jusqu’au xviie siècle. Il est à noter qu’il écrivit également en gascon. Né Salustre, son nom deviendra plus tard, de son vivant, Saluste ou Salluste par analogie avec celui de l’historien latin. Il avait hérité, en 1566, du château et domaine du Bartas, terre noble et conférant le titre de sieur achetée en 1565 par son père François Salustre.

Guilhem Sallusti deu Bartàs, fils de Francesc (François) de Sallusti et de Bertrande de Broqueville, nait en 1544 dans la bastide de Monfort en Armagnac, d’une famille de noblesse récente calviniste, descendant d’une famille de commerçants enrichis. Juriste, il étudia le droit à Toulouse, participa aux Jeux floraux de cette ville et remporta la Violette en 1565, année où son père achète le château du Bartas. Il juge d’abord dans son village, puis va à la cour de Nérac. À la mort de son père en 1566, le poète devient sieur du Bartas. Il se marie en 1570 avec Catherine de Manas dont il aura quatre filles.[réf. nécessaire]

Ses premiers essais poétiques avaient été couronnés aux Jeux floraux de Toulouse en 1565. La reine de Navarre, Jeanne d’Albret, commande à ce fidèle de la cour le sujet de son premier grand poème épique, « La Judith », qui ne parut qu’après la mort de la souveraine dans le recueil intitulé la Muse chrétienne (1574).

Écuyer tranchant de Henri de Navarre (1576), il est ensuite chargé de plusieurs missions diplomatiques.

Il est surtout connu pour son poème encyclopédique « La Sepmaine (La Semaine) ou la Création du monde» (1578), œuvre inspirée par la Bible, qui fut traduite en plusieurs langues : allemand, anglais, néerlandais, italien, latin, etc. et influença des poètes de l’importance de Milton en Angleterre, Joost van den Vondel en Hollande et, semble-t-il, le Tasse en Italie ; il eut même une admiratrice en Amérique en la personne d’Anne Bradstreet.

Dans cette œuvre, Guillaume du Bartas se fait le défenseur des théories géocentriques et de l’astrologie judiciaire. Pour lui, le système de Copernic n’est qu’une chimère. Cette critique se fait au nom de l’encyclopédisme de la Renaissance et de la foi ; Bartas ayant en vue de glorifier Dieu en proposant une lecture poétique du livre du monde.

En 1584, lorsque fut publiée La Seconde Semaine (les deux premiers Jours seulement), œuvre inachevée, qui prolongeait la Première Semaine : après la « Création du Monde », c’était l’ « Enfance du Monde », le roi de Navarre se rend au château du Bartas. Le 1er janvier 1585, Du Bartas devient gentilhomme ordinaire du roi. En même temps est publiée à Paris La Semaine, accompagnée d’un copieux commentaire du juriste catholique, protégé du duc de Lorraine, Pantaléon Thévenin. Le pasteur protestant Simon Goulart avait déjà publié un commentaire de l’œuvre (1581, chez Jacques Chouet, à Genève), commentaire qui fut souvent réimprimé et augmenté au fil des années. En 1589, Goulart publie un nouveau commentaire pour La Seconde Semaine.

En 1587, accompagné par Henri de Sponde, il part en ambassade auprès de Jacques VI d’Écosse, qui l’admire et a traduit un de ses poèmes.

Il meurt le 28 août 1590.

Après sa mort

Après la mort du poète, le roi d’Écosse Jacques VI fait paraître à Édimbourg, en 1591, la traduction d’un de ses poèmes qu’avait faite Du Bartas : La Lépanthe du roi d’Écosse, célébrant la fameuse victoire remportée sur les Turcs en 1571. D’autre part, plusieurs parties inédites de La Seconde Semaine paraissent, à titre posthume, jusqu’en 1603 (sans mener plus loin que le Quatrième Jour).

L’historien Jacques-Auguste de Thou lui consacre une notice dans son histoire universelle et témoigne qu’à son époque, on critiquait déjà le tour gascon des poésies de Bartas, le mettant néanmoins à la seconde place après Ronsard avec lequel il partage bien des idées, mais dont il se différencie par une vision irénique de la poésie.

Le succès de Du Bartas fut fabuleux pendant une cinquantaine d’années, il rayonna sur l’Europe, on compte plus d’une centaine d’éditions de ses œuvres, des dizaines de traduction et puis sa renommée s’écroula : son style comme le contenu de son œuvre ne correspondaient plus aux temps nouveaux.

En gascon

Guillaume du Bartas (en gascon Guilhèm de Sallusti deu Bartàs) étant originaire d’Armagnac, il parlait couramment le gascon et fut primé aux Jeux floraux de Toulouse.

En 1578, à l’occasion de l’arrivée des reines de Navarre (Marguerite de Valois) et de France (Catherine de Médicis) en la ville de Nérac (un des sièges de la cour gasconne d’Henri IV de France et III de Navarre), du Bartas composa une entrée allégorique et trilingue où trois muses symbolisant les langues française, latine et gasconne se disputèrent l’honneur d’accueillir ces hôtes ; au terme de cette joute oratoire, c’est bien cette dernière qui l’emporte, car c’est la langue du lieu et une langue plus naturelle. Ce dialogue fut édité plus récemment par le linguiste bigourdan Pierre Bec.

Extraits du dialogue (mis en graphie “occitane” dite “classique”)

Cara’t, Ninfa vesia : e tu, Ninfa Romana,
N’anes pas de tos grans mots ma Princessa eishantar :
Non i a tan gran lairon, qu’aqueth que l’aunor pana.
Dessús l’autrú joquèr lo poth non diu cantar […]
S’en man mons hilhs avèn, lo temps passat, tenguda
La pluma com’ lo hèr, jo poirí rampellar.
Mas entre eths dénquia’i Pallas s’es vista muda :
Car eths an mes amat plan hèr que plan parlar. […]
Tota vòsta beutat, n’es ara que pintrura,
Que manhas, qu’afiquets, que retortilhs, que fard :
E ma beutat n’a punt auta mair que natura :
La natura tostemp es mes bèra que l’art. […]
Lesheim estar la fòrça : on mes òm s’arrasoa,
Mès òm ved que jo è dret de parlar davant vos.
Jo sonc Ninfa Gascona : era es ara Gascoa :
Son Marit es Gascon e sons subjects Gascons. […]

Traduction : « Tais-toi, nymphe voisine : et toi, nymphe romaine, ne va pas de tes grand mots ennuyer ma princesse : il n’y a pas plus grand larron que celui qui vole l’honneur. Sur le perchoir d’autrui le poulet ne doit pas chanter […] Si dans leur main mes fils avaient, par le passé, tenu la plume autant que le fer, je te pourrais faire barrage. Mais ici Pallas est restée muette, car ils ont davantage aimé bien faire que bien parler […] Toute votre beauté n’est ici que peinture, que manières, atours, tournures et fards : et ma beauté n’a point d’autre mère que la nature ; la nature est toujours plus belle que l’art […] Laissons faire la force : plus on raisonne et plus on voit que j’ai moi seule le droit de parler plutôt que vous. Je suis nymphe gasconne : car elle est désormais gasconne, son mari est gascon et ses sujets gascons. »

Citations

« Tout art s’apprend par art, la seule poésie est un pur don céleste » (Guillaume du Bartas, L’Uranie)
« Une maison sans jeunes enfants est comme un jardin sans fleurs » (Guillaume du Bartas, 1588)
« La seve de la jeunesse est une douce caresse dont la tentation sans cesse me presse. »
« Les jeux floraux, de ma vie le faite / Ne seraient pas si je devais les refaire. » (Guillaume du Bartas, s’adressant à Saint Amant, à propos de sa victoire aux Jeux Floraux)