Charles-Pierre Colardeau

Poète
Nationalité : France
Date/Lieu de naissance :12 octobre 1732, Janville, Janville-en-Beauce, France
Date/Lieu de décès :7 avril 1776, Paris, France
Charles-Pierre Colardeau, né à Janville le 12 octobre 1732 et mort le 7 avril 1776 à Paris, est un poète français

Charles-Pierre Colardeau était le fils de Charles Colardeau, receveur du grenier à sel de Janville et de sa femme Jeanne Regnard. Orphelin à 13 ans, il fut élevé par un oncle maternel, curé de Pithiviers, qui l’envoya achever au collège de Meung-sur-Loire les humanités qu’il avait commencées chez les jésuites d’Orléans. Puis il vint faire sa philosophie au collège de Beauvais à Paris et retourna ensuite à Pithiviers.

Son oncle le fit entrer comme secrétaire chez un procureur au Parlement de Paris, avec l’intention de le préparer à l’étude du droit et à la profession d’avocat. Colardeau revint donc dans la capitale en 1753 mais n’y resta que peu de temps car sa santé s’altéra et il dut retourner à Pithiviers où il s’adonna à son penchant pour la poésie, traduisant en vers quelques fragments de l’écriture sainte et entreprenant la rédaction de ses tragédies Nicéphore et Astarbé, le sujet de la première ayant été tiré de la Bible et celui de la seconde des Aventures de Télémaque de Fénelon.

En 1755, avec le rappel des Parlements, Colardeau pu rentrer à Paris où il acheva sa tragédie d’Astarbé dont il donna lecture aux Comédiens-Français en juillet 1756. Devant le bon accueil fait à sa pièce, il décida de renoncer au droit pour se consacrer uniquement à la carrière littéraire. Astarbé ne fut cependant pas jouée d’emblée, et l’attentat de Damiens amena Colardeau à la remanier, cependant qu’il composait une imitation de la Lettre d’Héloïse à Abélard de Pope qui eut un grand succès et le rendit aussitôt célèbre.

Astarbé fut enfin représentée en avril 1758 et fut bien accueillie. La même année Colardeau, poursuivant dans la veine des épîtres en vers, donna une héroïde intitulée Armide à Renaud.

Sa deuxième tragédie, Caliste, représentée en 1760, eut un certain succès grâce au talent de Mademoiselle Clairon mais suscita des commentaires critiques, en raison notamment de son sujet scabreux (un viol). Colardeau entreprit une traduction en vers français de la Jérusalem délivrée du Tasse, mais il en détruisit le manuscrit avant sa mort. Il s’essaya ensuite à une traduction de l’Énéide de Virgile à laquelle il renonça lorsqu’il apprit que l’abbé Delille travaillait de son côté à une entreprise identique.

En 1762, son poème Le Patriotisme le fit remarquer par le duc de Choiseul et lui valut une mordante satire à laquelle il répondit dans son Epître à Minette.

Retourné à Pithiviers en 1766, il composa une comédie en cinq actes et en vers, Les perfidies à la mode, qui ne fut pas représentée. En 1770, il mit en vers les deux premières Nuits d’Edward Young, dont la traduction française venait de paraître. Il publia en 1772 un Temple de Gnide composé dix ans auparavant, adapté de Montesquieu, comme le poème de Nicolas-Germain Léonard paru peu de temps auparavant. En 1774, il publia son Epître à M. Duhamel de Denainvilliers sur les charmes de la campagne et un poème descriptif : Les Hommes de Prométhée qui décrit l’éveil du sentiment amoureux chez les deux premières créatures humaines.

Les Mémoires secrets de Bachaumont attribuent la mort prématurée de l’écrivain à une maladie vénérienne contractée au cours d’une relation passagère avec une « courtisanne (sic) ingrate et perfide ». Cette sirène que les “Mémoires…” désignent comme Demoiselle Verrières serait Marie Rinteau (1730-1775) dite Marie Verrières ou De Verrières. Marie et sa sœur avaient à Auteuil une maison accueillante et pourvue d’un théâtre charmant. (En 1890 Gaston Maugras écrivit le récit de leur vie : voir Gaston Maugras Les Demoiselles de Verrières, Paris, 1890,).

De la liaison de Marie avec Maurice de Saxe une fille était née en 1748, Aurore, qui devint la grand-mère de George Sand. Marie n’avait pas grandes dispositions pour la sagesse et la Dauphine enleva Aurore à sa mère pour la faire élever dans un couvent : après la mort du maréchal de Saxe (1750) le nom de Marie se trouve associé dans les chroniques du temps avec celui de nombreux gentilshommes parmi lesquels on note la présence durable de celui de Denis-Joseph Lalive de Bellegarde, marquis d’Épinay, issu d’une famille de fermiers généraux, époux de Louise d’Epinay (qui eut pour amant Louis Dupin de Francueil, futur époux d’Aurore et grand-père de George Sand). L’idylle de Marie avec Colardeau – poète par trop désargenté – ne fut donc qu’une trop brève parenthèse et le pauvre Charles-Pierre fut d’abord prié “de s’éloigner pour deux ans” pour faire place à un plus riche protecteur, puis définitivement renvoyé à son écritoire. La chronique des Mémoires… de l’année de sa mort nous apprend que, une fois convaincu de sa disgrâce, Charles-Pierre avait fait circuler dans Paris une « satire sanglante » où Marie fut cruellement traitée.

Colardeau vécut, pendant quelques années et jusqu’à sa mort – et comme bien des écrivains désargentés de son époque – chez une aristocrate, la marquise de Viéville, dont les Mémoires… nous disent qu’elle était une « femme donnant dans le bel esprit et la philosophie », ajoutant que « le bruit courait qu’elle l’avait épousé [Colardeau] ou qu’elle l’épouserait ». Il semble que la marquise se donna du mal pour faire de son poète un académicien mais il ne faut pas pour autant oublier que – toujours selon les rédacteurs des Mémoires… – Colardeau avait, dans le monde des lettres, la réputation d’écrire fort peu mais d’être le meilleur versificateur de France.

En janvier 1776, Colardeau succéda au duc de Saint-Aignan à l’Académie française. Mais il n’eut même pas le loisir de prononcer son discours de réception car il mourut le 7 avril 1776, âgé seulement de 43 ans.