Le sommeil de Leïlah

Ni bruits d’aile, ni sons d’eau vive, ni murmures ;

La cendre du soleil nage sur l’herbe en fleur,

Et de son bec furtif le bengali siffleur

Boit, comme un sang doré, le jus des mangues mûres.
Dans le verger royal où rougissent les mûres,

Sous le ciel clair qui brûle et n’a plus de couleur,

Leïlah, languissante et rose de chaleur,

Clôt ses yeux aux longs cils à l’ombre des ramures.
Son front ceint de rubis presse son bras charmant ;

L’ambre de son pied nu colore doucement

Le treillis emperlé de l’étroite babouche.
Elle rit et sommeille et songe au bien-aimé,

Telle qu’un fruit de pourpre, ardent et parfumé,

Qui rafraîchit le coeur en altérant la bouche.

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Le sommeil de Leïlah
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