Au lavoir de Keranglaz

L’étang mire des fronts de jeunes lavandières.

Les langues vont jasant au rythme des battoirs,

Et, sur les coteaux gris, étoilés de bruyères,

Le linge blanc s’empourpre à la rougeur des soirs.
Au loin, fument des toits, sous les vertes ramées,

Et, droites, dans le ciel, s’élèvent les fumées.
Tout proche est le manoir de Keranglaz, vêtu

D’ardoise, tel qu’un preux en sa cotte de maille,

Et des logis de pauvre, aux coiffures de paille,

Se prosternent autour de son pignon pointu.
Or, par les sentiers, vient une fille, si svelte

Qu’une tige de blé la prendrait pour sa soeur ;

C’est la dernière enfant d’un patriarche celte,

Et sa beauté pensive est faite de douceur.
Elle descend, du pas étrange des statues,

Et, soudain, au lavoir, les langues se sont tues.
L’eau même qui susurre au penchant du chemin

Se tait, sous ses pieds nus qui se heurtent aux pierres,

On voit courir des pleurs au long de ses paupières,

Et sa quenouille pend, inerte, de sa main…
L’étang mire, joyeux, des fronts de lavandières,

Et sait pourtant quel deuil ils porteront demain !…

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Au lavoir de Keranglaz
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