Le Lendemain

A Éléonore
Enfin, ma chère Éléonore,

Tu l’ as connu ce péché si charmant

Que tu craignais, même en le désirant;

En le goûtant, tu le craignais encore.

Eh bien, dis-moi; qu’ a-t-il donc d’ effrayant?

Que laisse-t-il après lui dans ton âme?

Un léger trouble, un tendre souvenir,

L’étonnement de sa nouvelle flamme,

Un doux regret, et surtout un désir.

Déjà la rose aux lis de ton visage

Mêle ses brillantes couleurs;

Dans tes beaux yeux, à la pudeur sauvage

Succèdent les molles langueurs,

Qui de nos plaisirs enchanteurs

Sont à la fois la suite et le présage.

Déjà ton sein doucement agité,

Avec moins de timidité

Repousse la gaze légère

Qu’ arrangea la main d’ une mère,

Et que la main du tendre amour,

Moins discrète et plus familière,

Saura déranger à son tour.

Une agréable rêverie

Remplace enfin cet enjouement,

Cette piquante étourderie,

Qui désespéraient ton amant;

Et ton âme plus attendrie

S’abandonne nonchalamment

Au délicieux sentiment

D’une douce mélancolie.

Ah! Laissons nos tristes censeurs

Traiter de crime abominable

Le seul charme de nos douleurs,

Ce plaisir pur, dont un dieu favorable

Mit le germe dans tous les coeurs.

Ne crois pas à leur imposture;

Leur zèle barbare et jaloux

Fait un outrage à la nature;

Non, le crime n’ est pas si doux.

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Le Lendemain
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