Peut-être

Lorsque mon dernier jour viendra,

Peut-être

Qu’à ma fenêtre,

Ne fût-ce qu’un instant,

Un soleil frêle et tremblotant

Se penchera.
Mes mains alors, mes pauvres mains décolorées

Seront quand même encore par sa gloire dorées ;

Il glissera son baiser lent, clair et profond

Une dernière fois, sur ma bouche et mon front,

Et les fleurs de mes yeux, pâles, mais encore fières

Avant de se fermer lui rendront sa lumière.
Soleil, ai-je adoré ta force et ta clarté !

Mon art torride et doux, de son geste suprême,

T’a retenu captif au coeur de mes poèmes ;

Comme un champ de blé mûr qui houle au vent d’été,

Telle page t’anime et t’exalte en mes livres,

Ô toi, soleil qui fais éclore et qui délivres,

Ô toi, l’immense ami dont l’orgueil a besoin,

Fais qu’à cette heure grave, impérieuse et neuve

Où mon vieux coeur humain sera lourd sous l’épreuve,

Tu sois encore son visiteur et son témoin.

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