Mouvement littéraire : Romantisme

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Le romantisme est un mouvement majeur qui s’est manifesté dans toutes les formes d’art au cours des XVIIIe et XIXe siècles, d’abord en Angleterre et en Allemagne, puis en France et partout en Europe. Il s’oppose au classicisme et, tout en héritant des Lumières, il rejette son rationalisme.

Le romantisme est en ce sens un mouvement réactionnaire (Victor Hugo est d’ailleurs royaliste dans sa jeunesse (1)), mais c’est aussi un mouvement de libération, une forme de liberté dans l’art (« Le romantisme [...] n'est, à tout prendre, [...] que le libéralisme en littérature » écrit Victor Hugo dans Hernani) qui s’oppose au rationalisme du siècle des Lumières ou au carcan des règles classiques qui pour certaines ont toujours cours au XIXe siècle.

S’affranchissant des codes en vigueur, les écrivains romantiques prônent la valorisation du « moi », l’expression des sentiments et des passions de l’individu pris dans les tourments de son destin.

S’ancrant en France dans le « mal du siècle », état d’âme d’une génération désenchantée au lendemain de la chute de l’Empire, le romantisme s’exprime à travers une tonalité lyrique. Les sentiments, l’évasion et le rêve, la nature, l’infini, la solitude en sont les thèmes privilégiés.

Thèmes

Le romantisme privilégie les thèmes de l’expression du soi, la mélancolie, l’émerveillement devant la nature, la passion amoureuse, etc.

Exemple

L’isolement

Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte et blanchit déjà les bords de l’horizon.

Cependant, s’élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs :
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.

Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme ni transports ;
Je contemple la terre ainsi qu’une âme errante :
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.

De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis : Nulle part le bonheur ne m’attend.

Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !

Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques (1820)

Auteurs

François-René de Chateaubriand (1768-1848)
Alphonse de Lamartine (1790-1869)
Victor Hugo (1802-1885)
Alfred de Musset (1808-1855)
Alfred de Vigny (1797-1863)…

Œuvres

Méditation poétiques de Lamartine (1820)
Les Nuits de Musset (1835)
Les Contemplations de Hugo (1856)
Les Destinées de Vigny (1864)