Il rentrait toujours ivre et battait sa maîtresse.

Deux sombres forgerons, le Vice et la Détresse,

Avaient rivé la chaîne à ces deux malheureux.

Cette femme était chez cet homme ― c’est affreux ! ―

Seulement par l’effroi de coucher dans la rue.

L’ivrogne la trouvait toujours aigre et bourrue

Le soir, et la frappait. Leurs cris et leurs jurons

Faisaient connaître l’heure aux gens des environs.

Puis c’était un silence effrayant dans leur chambre.

― Un jour que par l’horreur, par la faim, par décembre,

Ce couple épouvantable était plus assailli,

Il leur naquit un fils, berceau mal accueilli,

Humble front baptisé par un baiser morose,

Hélas ! et qui n’était pas moins pur ni moins rose.

L’homme revint encore ivre le lendemain,

Mais, s’arrêtant au seuil, ne leva point la main

Sur sa femme, depuis que c’était une mère.

Le regard noir de haine et la parole amère,

Celle-ci se tourna vers son horrible amant

Qui la voyait bercer son fils farouchement,

Et, raillant, lui cria : « Frappe donc ! Qui t’arrête ?

Notre homme, j’attendais ton retour. Je suis prête.

L’hiver est-il moins dur ? le pain est-il moins cher ?

Dis ! et n’es-tu pas ivre aujourd’hui comme hier ? »

Mais le père, accablé, ne parut point l’entendre,

Et, fixant sur son fils un œil stupide et tendre,

Craintif, ainsi qu’un homme accusé se défend,

Il murmura : « J’ai peur de réveiller l’enfant ! »

Évaluations et critiques :

Le Père
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.singularReviewCountLabel }}
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.pluralReviewCountLabel }}
{{ options.labels.newReviewButton }}
{{ userData.canReview.message }}

Commentez et laissez-nous savoir ce que vous pensez de cette poésie!

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x