Charles De Marguetel De Saint-Evremond

Charles Le Marquetel de Saint-Denis, seigneur de Saint-Évremond, ondoyé le 5 janvier 1614 et baptisé le 20 janvier 1616 à Saint-Denis-le-Gast (aujourd'hui dans la Manche) et mort le 29 septembre 1703 à Londres, est un moraliste et critique libertin français.

Biographie

Élevé chez les Jésuites, au collège de Clermont, il commença son droit à Caen, puis suivit avec distinction la carrière des armes. Ce soldat lettré et homme du monde connut tout d’abord une brillante carrière militaire dans l’état-major du prince de Condé sous le duc d’Enghien et sous le maréchal d’Hocquincourt. Sa bravoure le signala à Rocroy, à Fribourg, à Nordlingen et dans les campagnes d’Allemagne et des Flandres.

En même temps il cultivait les lettres avec un esprit de raillerie et de satire, formant des relations avec des hommes de marque, avec Turenne, Créquy, d'Olonne, Clérembault, sans jamais négliger le plaisir vers lequel le portait sa nature épicurienne, lorsque ses railleries sur Condé lui firent perdre sa lieutenance en 1648. La Fronde lui donna l’occasion de montrer à la fois son courage et son esprit. Ayant pris le parti de la Cour, dont il devint maréchal de camp en 1652, il resta fidèle à la cause royale et composa un spirituel pamphlet : la Retraite de M. de Longueville en Normandie.

En 1656, il crée l'Ordre des Coteaux de Champagne.

Recherché alors dans la société comme le type de ce qu’on appelait le « galant homme et l’homme honnête », charmant les salons par sa vive causerie et les ruelles par ses madrigaux, tenant le premier rôle chez Ninon de Lenclos, faisant figure aux soupers des gourmets lettrés, il menait une vie entièrement conforme à ses goûts, lorsqu’il tomba dans la disgrâce du roi à la suite de la découverte en 1661 de sa Lettre au marquis de Créqui sur la paix des Pyrénées (1659) critiquant Mazarin.

Obligé de s’exiler vers la fin de 1661, il se réfugie en Hollande, puis en Angleterre où la cour et la ville lui firent très bon accueil. Le roi Charles II l’accueillit avec bienveillance et lui fit une pension de trois cents livres sterling. Il mena une vie d’épicurien, fréquentant l’élite de l’aristocratie et des gens de lettres. Quand la duchesse de Mazarin s’établit à Londres, il se fit son chancelier, l’aida à constituer le salon célèbre où se réunirent les écrivains de l’AngIeterre, et en devint l’un des principaux personnages. L’usage du français était si répandu à l’époque en Angleterre que Saint-Évremond ne se donna la peine d’apprendre de l’anglais que ce dont il avait besoin pour la vie quotidienne et les relations avec les paysans, lorsqu’il résidait à la campagne. Il fréquentait, en outre, avec Dryden, Temple, Swift, le café littéraire de Will, sans interrompre ses relations avec ses amis de France, qui ne lui laissaient rien ignorer des intérêts et des affaires de l’esprit. De l’un et de l’autre côté de la Manche, on en appelait à son goût dans les questions délicates.

La seule Lettre au marquis de Créqui n’a pas paru suffire pour expliquer une si longue défaveur contre lui ; Voltaire, dans le Siècle de Louis XIV, l’attribue à une cause secrète, restée inconnue. Ses mœurs n’étaient peut-être pas étrangères à sa disgrâce. Il aurait été le destinataire d’une des Lettres de Cyrano de Bergerac adressée sous le nom « Mademoiselle de Saint-Denis ». Lui-même a fait allusion à la raison pour laquelle le séjour de l’Angleterre lui paraissait désormais préférable à celui de la France :

J’ai vu le temps de la bonne Régence,
Temps où régnait une heureuse abondance
Temps où la ville aussi bien que la cour
Ne respiraient que les jeux et l’amour.
Une politique indulgente
De notre nature innocente
Favorisait tous les désirs
Tout goût paraissait légitime
La douce erreur ne s’appelait point crime.
Les vices délicats se nommaient des plaisirs.

Les nombreuses démarches tentées pour faire cesser son exil n’aboutirent qu’après 1688 lorsque Louis XIV l’autorisera enfin à rentrer en France en 1689 mais, à cette époque, son grand âge, les habitudes prises, les faveurs de Guillaume III, son affection pour la duchesse de Mazarin ne lui permirent pas d’accepter la grâce si longtemps attendue. Il préféra finir sa vie à Londres où il s’éteignit à près de quatre-vingt-dix ans, sans se départir de la philosophie qui l’avait toujours caractérisé, en refusant à plusieurs reprises la visite tant des prêtres que des pasteurs. Il eut malgré tout l’honneur d’une sépulture dans le coin des poètes à l’abbaye de Westminster.

Charles De Marguetel De Saint-Evremond

Poète, Critique
Nationalité : France
Date/Lieu de naissance : janvier 1614, Coutances, France
Date/Lieu de décès : 29 septembre 1703, Londres, Royaume-Uni