Ballade de la belle Viroise

Regardez-la, cette fille de Vire

Bonne à porter les sacs de son moulin!

Elle ravit avec son large rire

Tout le pays d’Olivier Basselin;

Elle a l’air brave et le geste malin

Et la noblesse au front, bien que vilaine,

Et le sein droit, sans corset de baleine.

Elle babille ainsi qu’un moineau franc;

Le vent la baise et boit sa fraîche haleine,

O lèvre rouge, ô belle fleur de sang!
Cette beauté qui jamais ne soupire

Court par les champs comme un jeune poulain

Et chante et mange, et folâtre et respire.

Même elle vide avec Pierre et Colin

Son pot de cidre écumeux et tout plein.

Dans le manoir dont elle est châtelaine

Onc ne vit-on ruolz ni porcelaine;

Mais ses dents sont de neige, et bien en rang

Comme s’en vont les agneaux dans la plaine.

O lèvre rouge, ô belle fleur de sang!
L’ennui, ce mal affreux qui nous déchire,

N’est pas connu de son coeur masculin.

Notre Viroise au ruisseau qui l’admire

Lave ses pieds dans le flot cristallin;

Puis, sous l’ardent soleil à son déclin,

Par le sentier fleuri de marjolaine,

Laissant flotter son cotillon de laine

Sur la rondeur de son robuste flanc,

Elle s’en va, chantant de sa voix pleine.

O lèvre rouge, ô belle fleur de sang!
Envoi.
Prince, la bouche en fleur de Madeleine

Pâlit d’amour parfois, jamais de haine.

Le magister, assis sur un vieux banc,

En la voyant dit: C’est la grecque Hélène.

O lèvre rouge, ô belle fleur de sang!
Juillet 1869.

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Ballade de la belle Viroise
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