Thébaïde

Quand notre dernier rêve est à jamais parti,

Il est une heure dure à traverser ; c’est l’heure

Où ceux pour qui la vie est mauvaise ont senti

Qu’il faut bien qu’à son tour chaque illusion meure.
Ils se disent alors que la part la meilleure

Est celle de l’ascète au cœur anéanti,

Ils cherchent au désert la paix intérieure,

Mais cette fois encor l’espérance a menti.
J’ai voulu vivre ainsi sans amour et sans haine,

Et j’ai fermé mon âme au désir, qui n’amène

Que le regret, souvent le remords, après lui.
Mais je ne trouve, au lieu de la béatitude,

Au lieu du ciel rêvé dans l’âpre solitude,

Que la morne impuissance et l’incurable ennui.

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Thébaïde
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