Chant d’amour (VI)

Un jour, le temps jaloux, d’une haleine glacée,

Fanera tes couleurs comme une fleur passée

Sur ces lits de gazon ;

Et sa main flétrira sur tes charmantes lèvres

Ces rapides baisers, hélas ! dont tu me sèvres

Dans leur fraîche saison.
Mais quand tes yeux, voilés d’un nuage de larmes,

De ces jours écoulés qui t’ont ravi tes charmes

Pleureront la rigueur ;

Quand dans ton souvenir, dans l’onde du rivage

Tu chercheras en vain ta ravissante image,

Regarde dans mon coeur !
Là ta beauté fleurit pour des siècles sans nombre ;

Là ton doux souvenir veille à jamais à l’ombre

De ma fidélité,

Comme une lampe d’or dont une vierge sainte

Protège avec la main, en traversant l’enceinte,

La tremblante clarté.
Et quand la mort viendra, d’un autre amour suivie,

Éteindre en souriant de notre double vie

L’un et l’autre flambeau,

Qu’elle étende ma couche à côté de la tienne,

Et que ta main fidèle embrasse encor la mienne

Dans le lit du tombeau.
Ou plutôt puissions-nous passer sur cette terre,

Comme on voit en automne un couple solitaire

De cygnes amoureux

Partir, en s’embrassant, du nid qui les rassemble,

Et vers les doux climats qu’ils vont chercher ensemble

S’envoler deux à deux.

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Chant d’amour (VI)
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