À Madame de la Fayette

Ce billard est petit : ne l'en prisez pas moins

Je prouverai par bons témoins

Qu'autrefois

Vénus en fit faire

Un tout semblable pour son fils.

Ce plaisir occupait les

Amours et les

Ris,
Tout le peuple enfin de

Cythère.

Au joli jeu d'aimer je pourrais aisément

Comparer après tout ce divertissement,

Et donner au billard un sens allégorique :
Le but est un cœur fier ; la bille, un pauvre amant ;

La passe et les billards, c'est ce que l'on pratique

Pour toucher au plus tôt l'objet de son amour ;

Les belouses, ce sont maint périlleux détour,

Force pas dangereux, où souvent de soi-même
On s'en va se précipiter,

Où souvent un rival s'en vient nous y jeter
Par adresse et par stratagème.

Toute comparaison cloche, à ce que l'on dit :
Celle-ci n'est qu'un jeu d'esprit
Au-dessous de votre génie.

Que vous dirai-je donc pour vous plaire,

Uranie ?

Le

Faste et l'Amitié sont deux divinités

Enclines, comme on sait, aux libéralités ;

Discerner leurs présents n'est pas petite affaire :

L'Amitié donne peu, le

Faste beaucoup plus,
Beaucoup plus aux yeux du vulgaire ;

Vous jugez autrement de ces dons superflus.

Mon billard est succinct, mon billet ne l'est guère ;

Je n'ajouterai donc à tout ce long discours

Que ceci seulement, qui part d'un cœur sincère :
Je vous aime, aimez-moi toujours.

Jean de La Fontaine

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À Madame de la Fayette
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