Le Lièvre et la Perdrix

Il ne se faut jamais moquer des misérables,

Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ?

Le sage Ésope dans ses fables

Nous en donne un exemple ou deux.

Celui qu'en ces vers je propose,

Et les siens, ce sont même chose.
Le lièvre et la perdrix, concitoyens d'un champ,

Vivaient dans un état, ce semble, assez tranquille,

Quand une meute s'approchant

Oblige le premier à chercher un asile :

Il s'enfuit dans son fort, met les chiens en défaut,

Sans même en excepter Brifaut.

Enfin il se trahit lui-même

Par les esprits sortants de son corps échauffé.

Miraut, sur leur odeur ayant philosophé,

Conclut que c'est son lièvre, et d'une ardeur extrême

Il le pousse ; et Rustaut, qui n'a jamais menti,

Dit que le lièvre est reparti.

Le pauvre malheureux vient mourir à son gîte.

La perdrix le raille et lui dit :

« Tu te vantais d'être si vite !

Qu'as-tu fait de tes pieds ? » Au moment qu'elle rit,

Son tour vient ; on la trouve. Elle croit que ses ailes

La sauront garantir à toute extrémité ;

Mais la pauvrette avait compté

Sans l'autour aux serres cruelles.

Extrait de: 
Fables livre V (1668)

Jean de La Fontaine

Évaluations et critiques :

Le Lièvre et la Perdrix
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.singularReviewCountLabel }}
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.pluralReviewCountLabel }}
{{ options.labels.newReviewButton }}
{{ userData.canReview.message }}

Aidez les autres à explorer le monde de la poésie et partagez votre opinion sur ce poème.

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x