La Toilette du Soir

Loin un mourant demande que le soir dure encore un peu ou que l'on approche la lampe.
Mais demeure l'été d'autrefois et au bout du couloir, dans la percée des feuillages, la mère apparaît enfin dans toute sa lumière : à l'évier de dehors

elle lave l'enfant passant le gant dans le coin des yeux, et pour le coiffer brise sur ses cheveux l'ampoule de son cœur.
« Maintenant, dit-elle, les filles vont te préférer ! » mais il reste pensif car il se réserve au service d'une illusion de là-bas : sur les draps mis à

sécher entre les arbres du verger passe la silhouette du maître venu vérifier la propreté des couples ayant renoncé pour son amour à leurs corps.
Donc un homme meurt qui fut cet enfant propre. Dans une chambre, on le lave une dernière fois de la même manière. Tout ce qu'il aura su des femmes : une palpitation de lilas

à la tempe, un peu de savon sous la paupière, et déjà leur parfum d'éther comme des fleurs de lazaret.

Dominique Pagnier

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La Toilette du Soir
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