Impasse Beauregard

I
L'occident est un mal étrange que fait l'automne; son dernier geste éclaire un peu la cuisine embuée par les vapeurs d'un tourment des fruits noirs. Les noyaux ouverts donnent

des gaz acides comme l'amertume scellée au fond des choses. Quand la mère n'est plus qu'une voûte soucieuse au-dessus de l'enfant, la leçon s'achève par toutes les

menaces qui pèsent sur le Bas-Empire.
II
Les parfums s'afTrontant dans la buanderie finissent par donner une atmosphère de sacre porté trop haut. Le linge replié témoigne qu'il n'y a plus de gloire, seulement le

souvenir d'un passage parmi les gestes humains. Les rayons portent, embaumées dans le vide par des mains transparentes, des cueillettes qui sont immortelles.
III
lorsqu'au carreau embué se répète le même geste noir des feuillages, ce qui n'est pas écrit, est une sorte de prière insistante qui est dite sans nous mais

peut-être pour nous. Et les grands coups de fer que la mère donne aux draps, effaçant ce qu'a tracé le vent, un monde plan se tend, désert biblique pour que s'y

lève le devoir d'un corps et s'y couche quelque chose de faible.
IV
Les arbres se profilent au loin du potager, personnages retirés d'un dialogue où domine une crainte. Dans la maison encombrée par l'opulence des odeurs et des ombres, le Seigneur

porte atteinte à sa servante; la vue est cette fois-ci touchée en celle qui, ravie, perçoit alors de sa chambre, l'absence divine dans le jardin, à peine plus sonore.

Dominique Pagnier

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Impasse Beauregard
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