Les Cœurs Fidèles

Nuages ameutés au-dessus des maisons. D'anciens soirs accourent d'Allemagne. En de lointains sursauts d'orages, celle qui a vieilli défaisant chaque nuit son ouvrage entend parfois

rentrer un dernier train de prisonniers qu'on croyait perdus au fond du Temps.
À leur absent les pécheresses sont restées fidèles, se livrant à l'occupant quand leur cœur n'était qu'une lampe secrète posée par grand vent au

bord des fenêtres pour signaler l'avance ennemie à la nuit des partisans.
De même ont passé les égéries d'un poète et, si leur chevelure a blanchi, en reste dans un tiroir d'acajou une mèche nimbée d'une atmosphère de

novembre.
Quand s'éteignit la dernière pour avoir imité Jésus-Christ de son sang, on vit revenir sur la campagne ce vieux soir du bombardement de Péronne. Dans la même

lumière une mère comptait à son enfant tremblant des gouttes d'atropine. Il était clair que les jardins ne seraient repris par l'automne qu'au prix d'une vaste tuerie.

Dominique Pagnier

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Les Cœurs Fidèles
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