Le Dernier Romantique

« Mon dix-huitième chagrin d'amour », notait le poète sous le portrait d'une fille idéale composée de toutes les perfections des précédentes : chair plus

naturelle qu'intelligente, nostalgie de l'être dans l'œil bleu, cœur audible sous le sein tiède, ventre renfermant l'esprit mystérieux, etc., puis il se retirait dans

une terre assez rude de l'Est pour chercher une étoile.
Sous l'abat-jour émaillé de la cuisine refroidissait la verveine brune qu'il contemplait tandis que le mauvais temps donnait de grands coups d'épaule pour faire craquer les

fenêtres dans leur huisserie.
La nuit, c'était la plainte du vent sous les tuiles et, le manteau vite enfilé par-dessus son pyjama rayé, il descendait au fond du jardin pour soutenir les poiriers et

gémir à la fiancée lointaine dont il pensait qu'avec le brouillard elle ferait renaître le Romantisme.
Gâté par les efflorescences humides de l'automne, le tain d'un miroir dans la chambre bleue lui renvoyait entre deux cariatides camuses son image comme dans les rousseurs d'une

estampe montrant les adieux du volontaire de Lûtzow, en vente trois kreutzers chez Artaria à Vienne.

Dominique Pagnier

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Le Dernier Romantique
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