Épanchements

«Laisse-moi profiter encore du dernier soir de mon enfance », dit la fille la plus fraîche à sa mère penchée par la fenêtre tandis que du haut du monde au

loin tombe une lumière flamande sur la bataille de Gabaon.
Et comme c'est l'image même d'un dieu navré, elle supplie le Ciel de pénétrer son cœur de beaux et silencieux éclairs, et le seigneur aux armes blanches de lui

faire rendre sang et sueur.
Et la nuit exauce son vœu de souffrir la désignant comme le blason mystique de toutes les femmes : tache de gueule sur misère d'argent.
Un prince s'est longtemps gardé pur car il cherchait la fille la moins chère et c'est elle maintenant dont le prix lui signifie l'absolue liberté du commerce des corps.
Quand elle délie ses cheveux et laisse aller ses larmes, le flot s'en répand sur les pieds du despote doré ; il a mal au cœur et se voit comme un fantôme marchant sur

les eaux.
Si elle relève la tête, elle considère au-dessus d'elle, par une sorte d'éclaircie dans le déluge, l'arche dont le château est ruiné par des désordres

d'azur.

Dominique Pagnier

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Épanchements
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