Couleurs du Faune

Parce qu'elles grandissent trop vite et que leur pensée ne suit plus leur corps, des filles sont tristes le soir et sortent sans rien dire à personne. Le vent vif au

débouché des forêts leur tire des larmes au coin des yeux.
Au fond des propriétés dont la grille ferme de plus en plus mal, les familles s'enfoncent dans la solitude. Des nuits, les pères laissent dans les dépendances leur enfant

préférée à la disposition du faune et, quand il repart satisfait sous les arbres, sa révérence fait tomber les feuilles de toutes les couleurs.
Sous la lune luit le côté nord-est de chacune des pommes du verger; elles ont là le goût mélancolique d'une flore lointaine.

Dominique Pagnier

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Couleurs du Faune
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