Autres Poemes et Sonnets

I
Tout

Orgueil fume-t-il du soir,

Torche dans un branle étouffée

Sans que l'immortelle bouffée

Ne puisse à l'abandon surseoir !
La chambre ancienne de l'hoir

De maint riche mais chu trophée

Ne serait pas même chauffée

S'il survenait par le couloir.
Affres du passé nécessaires

Agrippant comme avec des serres

Le sépulcre de désaveu,
Sous un marbre lourd qu'elle isole

Ne s'allume pas d'autre feu

Que la fulgurante console.
II
Surgi de la croupe et du bond

D'une verrerie éphémère

Sans fleurir la veillée amère

Le col ignoré s'interrompt.
Je crois bien que deux bouches n'ont

Bu, ni son amant ni ma mère,

Jamais à la même

Chimère,

Moi, sylphe de ce froid plafond !
Le pur vase d'aucun breuvage

Que l'inexhaustible veuvage

Agonise mais ne consent,
Naïf baiser des plus funèbres ! À rien expirer annonçant

Une rose dans les ténèbres.
III
Une dentelle s'abolit
Dans le doute du

Jeu suprême
À n'entr'ouvrir comme un blasphème
Qu'absence éternelle de lit.
Cet unanime blanc conflit

D'une guirlande avec la même,

Enfui contre la vitre blême

Flotte plus qu'il n'ensevelit.
Mais, chez qui du rêve se dore

Tristement dort une mandore

Au creux néant musicien
Telle que vers quelque fenêtre

Selon nul ventre que le sien,

Filial on aurait pu naître.
Quelle soie aux baumes de temps

Où la

Chimère s'exténue

Vaut la torse et native nue

Que, hors de ton miroir, tu tends !
Les trous de drapeaux méditants

S'exaltent dans notre avenue :

Moi, j'ai ta chevelure nue

Pour enfouir mes yeux contents.
Non !

La bouche ne sera sûre

De rien goûter à sa morsure,

S'il ne fait, ton princier amant,
Dans la considérable touffe

Expirer, comme un diamant

Le cri des

Gloires qu'il étouffe.
M'introduire dans ton histoire

C'est en héros effarouché

S'il a du talon nu touché

Quelque gazon de territoire
À des glaciers attentatoire

Je ne sais le naïf péché

Que tu n'auras pas empêché

De rire très haut sa victoire
Avec des royaumes épars

Comme mourir pourpre la roue

Du seul vespéral de mes chars.
À la nue accablante tu

Basse de basalte et de laves À même les échos esclaves

Par une trompe sans vertu
Quel sépulcral naufrage (tu

Le sais, écume, mais y baves)

Suprême une entre les épaves

Abolit le mât dévêtu
Ou cela que furibond faute

De quelque perdition haute

Tout l'abîme vain éployé
Dans le si blanc cheveu qui traîne
Avarement aura noyé
Le flanc enfant d'une sirène.
Mes bouquins refermés sur le nom de

Paphos,
Il m'amuse d'élire avec le seul génie
Une ruine, par mille écumes bénie
Sous l'hyacinthe, au loin, de ses jours triomphaux.
Coure le froid avec ses silences de faux,

Je n'y hululerai pas de vide nénie

Si ce très blanc ébat au ras du sol dénie À tout site l'honneur du paysage faux.
Ma faim qui d'aucuns fruits ici ne se régale

Trouve en leur docte manque une saveur égale :

Qu'un éclate de chair humain et parfumant !
Le pied sur quelque guivre où notre amour tisonne,

Je pense plus longtemps peut-être éperdument À l'autre, au sein brûlé d'une antique amazone.

Stéphane Mallarmé
Poésie Lyrique
Sonnets

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