Las de L’Amer Repos

Las de l'amer repos où ma paresse offense

Une gloire pour qui jadis j'ai fui l'enfance

Adorable des bois de roses sous l'azur

Naturel, et plus las sept fois du pacte dur

De creuser par veillée une fosse nouvelle

Dans le terrain avare et froid de ma cervelle,

Fossoyeur sans pitié pour la stérilité,

— Que dire à cette Aurore, ô Rêves, visité

Par les roses, quand, peur de ses roses livides,

Le vaste cimetière unira les trous vides ? —

Je veux délaisser l'Art vorace d'un pays

Cruel, et, souriant aux reproches vieillis

Que me font mes amis, le passé, le génie,

Et ma lampe qui sait pourtant mon agonie,

Imiter le Chinois au cœur limpide et fin

De qui l'extase pure est de peindre la fin

Sur ses tasses de neige à la lune ravie

D'une bizarre fleur qui parfume sa vie

Transparente, la fleur qu'il a sentie, enfant,

Au filigrane bleu de l'âme se greffant.

Et, la mort telle avec le seul rêve du sage,

Serein, je vais choisir un jeune paysage

Que je peindrais encor sur les tasses, distrait.

Une ligne d'azur mince et pâle serait

Un lac, parmi le ciel de porcelaine nue,

Un clair croissant perdu par une blanche nue

Trempe sa corne calme en la glace des eaux,

Non loin de trois grands cils d'émeraude, roseaux.

Extrait de: 
Poésies (1899)

Stéphane Mallarmé

Évaluations et critiques :

Las de L’Amer Repos
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.singularReviewCountLabel }}
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.pluralReviewCountLabel }}
{{ options.labels.newReviewButton }}
{{ userData.canReview.message }}

Vous avez lu ce poème. Votre opinion compte! Laissez-nous savoir ce que vous en pensez.

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x