La Biere et le Matin

Le soleil à grands bords avec la vie
Ce n'est plus un rêve c'est le matin
Grognant avec la corne d'or de ses camions
Roulant de ses épaules une pancarte
Qui siffle au vent pleine de fleurs
Et le bel instant non mais le beau printemps
Mes copains qui vont venir ça sent le ciel
Ici très bas ça sent l'oiseau
La sueur bleue de l'aile
Dans le petit bistrot pas cher
Où gonflent les ferments roux de la bière
Une âme doucement bouge
Elle déplie ses paupières son journal
Qui respire la poudre et fleure l'encre fraîche
On lirait là-dedans des choses pas très drôles
Qui font que tout à coup la terre sans chagrin
Sous la coquille éclatante de ces pavés
Retrouve son poids de soufre et de boue noire
Je songe très profond levant souvent le coude
Pour boire et faire signe je suis là vous savez
Je pense mais j'existe et voici que soudain
Vous débarquez mes camarades votre voix
Claire comme les clous d'une semelle
Sur la passerelle tremblante des mondes
Avec les malles en osjérdu sang.

Jean-Philippe Salabreuil

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La Biere et le Matin
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