La chanson de Mignon

Connais-tu le pays des citronniers en fleur,
Et des oranges d’or dans le feuillage sombre,
Et des brises soufflant doucement du ciel bleu,
Du myrte silencieux et des hauts lauriers droits ?
Ne le connaîtrais-tu point ?
- Oh, là-bas je voudrais,
Là-bas, ô mon amour m’en aller avec toi.

Connais-tu la maison ? Son toit posé sur des colonnes,
La chambre aux doux reflets, la salle lumineuse,
Et les droites statues de marbre qui me regardent
Et demandent : « Que t’a-t-on fait, ô pauvre enfant ? »
Ne le connaîtrais-tu point ?
- Oh, là-bas je voudrais,
Là-bas, mon protecteur ? m’en aller avec toi.

Connais-tu la montagne, le sentier dans les nuées ?
Le mulet dans la brume y cherche son chemin :
Dans les cavernes vit l’engeance des dragons ;
La pierre y chute et sur elle les eaux ;
Ne le connaîtrais-tu point ?
- Oh, là-bas ? c’est là-bas
Que mène notre route ! Ô père partons-y !

Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
Anthologie bilingue de la poésie allemande
Editions Gallimard (La Pléiade), 1995

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La chanson de Mignon
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