Sonnet à une Enfant

Tes yeux verts comme l’aube et bleus comme la brume

Ne rencontreront pas mes yeux noirs de tourment,

Puisque ma douleur t’aime harmonieusement,

O lys vierge, ô blancheur de nuage et d’écume !
Tu ne connaîtras point l’effroi qui me consume,

Car je sais épargner au corps frêle et dormant

La curiosité de mes lèvres d’amant,

Mes lèvres que l’Hier imprégna d’amertume.
Seule, lorsque l’azur de l’heure coule et fuit,

Je te respireri dans l’odeur de la nuit

Et je t reverrai sous mes paupières closes.
Portant, comme un remords, mon orgueil étouffant,

J’irai vers le Martyre ensanglanté de roses,

Car mon coeur est trop lourd pour une main d’enfant.

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Sonnet à une Enfant
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