Ballade de la vraie sagesse

Mon bon ami, poëte aux longs cheveux,

Joueur de flûte à l’humeur vagabonde,

Pour l’an qui vient je t’adresse mes voeux :

Enivre-toi, dans une paix profonde,

Du vin sanglant et de la beauté blonde.

Comme à Noël, pour faire réveillon

Près du foyer en flamme, où le grillon

Chante à mi-voix pour charmer ta paresse,

Toi, vieux Gaulois et fils du bon Villon,

Vide ton verre et baise ta maîtresse.
Chante, rimeur, ta Jeanne et ses grands yeux

Et cette lèvre où le sourire abonde ;

Et que tes vers à nos derniers neveux,

Sous la toison dont l’or sacré l’inonde,

La fassent voir plus belle que Joconde.

Les Amours nus, pressés en bataillon,

Ont des rosiers broyé le vermillon

Sur le beau sein de cette enchanteresse.

Ivre déjà de voir son cotillon,

Vide ton verre et baise ta maîtresse.
Une bacchante, aux bras fins et nerveux,

Sur les coteaux de la chaude Gironde,

Avec ses soeurs, dans l’ardeur de ses jeux,

Pressa les flancs de sa grappe féconde

D’où ce vin clair a coulé comme une onde.

Si le désir, aux yeux d’émerillon,

T’enfonce au coeur son divin aiguillon,

Profites-en ; l’Ame, disait la Grèce,

A pour nous fuir l’aile d’un papillon :

Vide ton verre et baise ta maîtresse.
ENVOI
Ma muse, ami, garde le pavillon.

S’il est de pourpre, elle aime son haillon,

Et me répète à travers son ivresse,

En secouant son léger carillon :

Vide ton verre et baise ta maîtresse.
Décembre 1856.

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Ballade de la vraie sagesse
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