Remémore, mon cœur, devant l’onde qui fuit

De ce lac solennel, sous l’or de la vesprée,

Ce couple malheureux dont la barque éplorée

Y vint sombrer avec leur amour, une nuit.
Comme tout alentours se tourmente et sanglote !

Le vent verse les pleurs des astres aux roseaux,

Le lys s’y mire ainsi que l’azur plein d’oiseaux,

Comme pour y chercher une image qui flotte.
Mais rien n’en a surgi depuis le soir fatal

Où les amants sont morts enlaçant leurs deux vies,

Et les eaux en silence aux grèves d’or suivies

Disent qu’ils dorment bien sous leur calme cristal.
Ainsi la vie humaine est un grand lac qui dort

Plein, sous le masque froid des ondes déployées,

De blonds rêves déçus, d’illusions noyées,

Où l’Espoir vainement mire ses astres d’or.

Évaluations et critiques :

Le Lac
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