Dans le jardin taillé comme une belle dame,
Dans ce jardin nous nous aimâmes, sur mon âme !
Ô souvenances, ô regrets de l’heure brève,
Souvenances, regrets de l’heur. Ô rêve en rêve
Et triste chant dans la bruine et sur la grève.
Chant triste et si lent et qui jamais ne s’achève,
Lent et voluptueux, cerf qui de désir brame,
Et tremolo banal, aussi, de mélodrame :
C’est la table rustique avec ses nappes blanches
Et les coupes de vins de Crète, sous les branches,
La table à la lueur de la lampe caduque ;
Et tout à coup, l’ombre des feuilles remuées
Vient estomper son front bas, son front et sa nuque
Gracile. La senteur des fleurs exténuées
S’évapore dans les buées
Hélas ! Car c’est déjà la saison monotone,
L’automne sur les fleurs et dans nos coeurs l’automne.
Et ce pendant qu’elle abandonne
Ses doigts aux lourds anneaux à ma lèvre, j’écoute,
J’écoute les jets d’eau qui pleurent goutte à goutte.
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