I
En quittant le collège, abri calme et dormant,

J’ai pleuré mon enfance et j’ai confusément

Senti qu’un peu de moi restait là, dans la pierre !
L’habitude est si douce au cœur, si familière !

Et j’avais dès longtemps pris celle de m’asseoir

Dans la salle d’étude, après les jeux, le soir,

D’écrire, de rêver, les mains contre les tempes,

Et de lire aux clartés amicales des lampes !

Au moment de partir, de quitter à jamais

Les peupliers connus du jardin que j’aimais.
Lui qui versa son ombre à mon adolescence,

J’ai senti que mes yeux souffriraient par l’absence !
Et j’ai tout revécu ; les courses d’autrefois

Le long des grands chemins où bourdonnaient nos voix

Dans la vague rumeur des moissons remuées.

Nos regard enfantins qui suivaient les nuées

Roses comme nos cœurs et changeantes comme eux !

Puis nos retours hâtifs pendant l’hiver brumeux

Par les lointains faubourgs où la mélancolie

Des orgues se fondait dans celle de la pluie !

Et nos calmes sommeils fleuris de rêves blancs

Parmi les dortoirs où les rideaux tremblants

Avaient une envergure et des frissons de voiles !
II
Ces choses du passé sont comme des étoiles

Dont le foyer d’or pâle est mort, mais dont on sent

Le rayon venir doux comme un rappel d’absent !

Et puis c’est en quittant la grande maison calme

Où l’Espoir dans les mains nous mettait une palme,

C’est à ce moment-là que nous avons compris

Qu’il faut laisser toujours le chemin qu’on a pris,

Et que la vie humaine est un vieux pays sombre,

Où les marcheurs pensifs, en des routes sans nombre,

Se croisent dans des cris d’accueil et de départ !
Oh ! partir ! partir seul ! s’en aller autre part

Sous de arbres nouveaux qu’il faudra longtemps suivre,

Et tout abandonner ? recommencer à vivre !

Évaluations et critiques :

Départ
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.singularReviewCountLabel }}
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.pluralReviewCountLabel }}
{{ options.labels.newReviewButton }}
{{ userData.canReview.message }}

Votre opinion compte! Partagez-la et dites-nous ce que vous pensez de ce poème.

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x