Sur la tombe de Cadieux

In endless night, they sleep, unwept, unknown…

THOMAS MOORE.
Sur un îlot désert de l’Ottawa sauvage,

Le voyageur découvre, à deux pas du rivage,

Un tertre que la ronce achève de couvrir :

Un jour quelqu’un, ici, s’arrêta pour mourir.
L’humble tombe des bois n’a ni grille ni marbre;

Mais, poète naïf, à l’écorce d’un arbre

Cet étrange mourant confia son secret,

Et dit, sa plainte amère au vent de la forêt.

La légende a doré cette histoire touchante :

L’arbre n’est plus debout; mais le peuple qui chante,

Bien souvent, au hameau, fredonne en soupirant

La complainte qu’alors chanta Cadieux mourant.
Ô sinistre Ottawa, combien de sombres drames

Dieu n’a-t-il pas écrits dans le pli de tes lames

Et sur les flancs rugueux de tes âpres récifs!

Dans les ombres du soir, combien de cris plaintifs,

Combien de longs sanglots, combien de plaintes vagues

Ne se mêlent-ils pas aux clameurs de tes vagues?

Ah! c’est que, sous tes flots et dans tes sables mous,

Bien des corps délaissés dorment dans tes remous!

Ceux-là n’ont pas même eu leurs quelques pieds de terre :

Leur linceul est l’oubli; leur tombe est un mystère.

Jamais, au fond des bois, le touriste rêvant

Ne lira leurs adieux sur le bouleau mouvant;

Et, le soir, au foyer, nulle voix printanière

Ne mêlera leurs noms aux chants de la chaumière.

Pour eux nuls souvenirs, nul bruit de pas aimés…

Dans vos tombeaux errants, pauvres perdus, dormez!

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Sur la tombe de Cadieux
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