Sur le canal, parmi des herbes otieuses,

Un nénuphar vit en exil, comme étranger,

Mais si plein, dirait-on, de choses précieuses

Qu’il se tient coi sur l’eau trouble et n’ose bouger.

Ah ! cet air blanc de Première Communiante,

Cet air de guimpe close aux doux plis tuyautés

Et ces linges plus intimes, jamais ôtés,

Dont l’adhérence stricte est certe anémiante

Mais le font presque un peu plus vierge et sans péché !

Nénuphar : chair candide et qui n’est pas nubile,

Corps dont rien ne s’avère en la robe immobile,

Nénuphar tout pieux et tout endimanché

Qui semble attendre, avec la peur qu’un pli se froisse,

Que la Procession en passant l’ait cueilli

? Lui tout en blanc et par avance recueilli ?

Pour faire dans l’encens le tour de la paroisse !

Nénuphar ! innocence unanime, âme et corps !

Fleur digne d’escorter la Madone et la Châsse ;

Aussi chastement blanche au dedans qu’au dehors ;

Fleur qu’on devine bien toute en état de grâce.
1894

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Nénuphar
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