La conscience

Incorruptible azur, déesse lumineuse,

Puisque vous avez bien voulu me visiter,

Je remettrai mon coeur entre vos mains soigneuses

Pour que vous le guidiez, par les nuits ténébreuses,

Au chemin de l’exacte et claire vérité.
Avant que vous vinssiez, ma grande camarade,

Ma vie était encore, à son tendre levant,

Amoureuse d’éclat, de lustre et de parade

Comme un cygne qui fuit l’eau sage de la rade

Pour monter sur la mer et danser dans le vent.
L’essaim voluptueux des heures turbulentes

Venait, en bondissant, à moi comme un chevreuil ;

J’ai détourné mes yeux de leur foule galante,

Et j’ai guéri pour vous mon âme violente

Du péché de colère et du péché d’orgueil.
Vous serez dans mon coeur comme une forteresse

Et je serai l’archer qui veille dans la tour,

Vous serez au pays profond de ma tendresse,

Entre les jardins verts de mes fines ivresses,

La route de soleil sans ombre et sans détour.
Ô vous dont la pudeur est peureuse et fragile,

Vous serez dans mon coeur belle comme un lac bleu,

Et vous verrez passer sur votre onde tranquille,

Pareils à des pigeons dont la blancheur défile,

Mes désirs obstinés, vaillants et scrupuleux…

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La conscience
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