A Catulle Mendès
Las des pédants de Salamanque

Et de l’école aux noirs gradins,

Je vais me faire saltimbanque

Et vivre avec les baladins.
Que je dorme entre quatre toiles,

La nuque sur un vieux tambour,

Mais que la fraîcheur des étoiles

Baigne mon front brûlé d’amour.
Je consens à risquer ma tête

En jonglant avec des couteaux,

Si le vin, ce but de la quête,

Coule à gros sous sur mes tréteaux.
Que la bise des nuits flagelle

La tente où j’irai bivaquant,

Mais que le maillot où je gèle

Soit fait de pourpre et de clinquant.
Que j’aille errant de ville en ville

Chassé par le corrégidor,

Mais que la populace vile

M’admire ceint d’un bandeau d’or.
Qu’importe que sous la dentelle,

Devant mon cynisme doré,

Les dévotes de Compostelle

Se signent d’un air timoré,
Si la gitane de Cordoue,

Qui sait se mettre sans miroir

Des accroche-cœurs sur la joue

Et du gros fard sous son œil noir,
Trompant un hercule de foire

Stupide et fort comme un cheval,

M’accorde un soir d’été la gloire

D’avoir un géant pour rival !
Croule donc, ô mon passé, croule,

Espoir des avenirs mesquins,

Et que je tienne enfin la foule

Béante sous mes brodequins !
Et que, l’œil fou de l’auréole

Qu’allume ce serpent vermeil,

Elle prenne un jour pour idole

Le fier jongleur, aux dieux pareil !

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Le Jongleur
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