Enfin mon amitié se lasse,
Je suis forcé de me guérir,
L’amour qui me faisait périr,
Tous les jours peu à peu se passe.
J’ai rappelé mon jugement,
J’ai fait vœu d’aimer sagement,
Je rougis de ma servitude,
Et proteste devant les dieux
Que je hais ton ingratitude
Plus que je n’ai chéri tes yeux.
Je n’ai plus le soin de te plaire,
Mes charmes sont évanouis,
Désormais je me réjouis
De ta haine et de ta colère.
Cette lâcheté d’endurer
Ne me saurait durer:
Je veux être exempt de souffrance
Aussi bien que toi de pitié,
Et vivre avec l’indifférence
Dont tu traites mon amitié.
Jamais douleur insupportable
Jusques à mon mal n’empira;
Jamais esprit ne soupira
D’un travail si peu profitable:
Je vis trop amoureusement,
Je sers trop malheureusement,
Ma belle ne veut point entendre
Le mal qu’elle me fait sentir,
Et me défend de rien prétendre
Que la honte et le repentir.
O mes dieux! ô mon influence!
Regardez la peine où je suis;
Sans faire un crime je ne puis
Espérer une récompense.
O dieux qui gouvernez nos cœurs,
Si vous n’êtes des dieux moqueurs,
Ou des dieux sans miséricorde,
Remettez-moi dans ma maison;
Ou faites enfin qu’on m’accorde
Ou la mort ou la guérison.
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