Les Complaintes

Les complaintes qu’on va chantant par la grand’route

Avec leurs vieux refrains de banal désespoir,

Avec leurs mots en panne et leur rythme en déroute,

Sont plus tristes encor, les dimanches, le soir,

A l’heure où vont mourir les tons et les lumières.

Le village, s’endort : la cloche des saluts

Tinte minablement et tinte ; et les chaumières

Qu’on ferme, et les volets et leurs airs vermoulus

Poussent des cris souffrants, comme des voix humaines.

Parfois, dans les vergers, un très doux meuglement

S’entend au loin et réveille un écho. Les plaines

Se remplissent de nuit et de tressaillement.

Personne. A l’horizon, rien que la solitude

Et des nuages lents qui voyagent par tas.

Et dans cet infini d’ombre et de lassitude

Et dans cette douleur des campagnes, là-bas,

Les complaintes qu’on va chantant par la grand’route,

Avec leurs vieux refrains de banal désespoir,

Avec leurs mots en panne et leur rythme en déroute,

Meurent, en cette fin de dimanche et de soir.

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Les Complaintes
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