Chant d’un fantassin

A André Bacque
Je voudrais être un vieillard

Que j’ai vu sur une route ;

Assis par terre au soleil

Il cassait des cailloux blancs

Entre ses jambes ouvertes.
On ne lui demandait rien

Que son travail solitaire.

Quand midi flambait les blés,

Il mangeait son pain à l’ombre.
Je connais dans un ravin

Obstrué par les feuillages

Une carrière ignorée

Où nul sentier ne conduit.
La lumière y est furtive

Et aussi la douce pluie ;

Et un seul oiseau parfois

Interroge le silence.
C’est une blessure ancienne,

Étroite, courbe et profonde

Oubliée même du ciel ;
Sous la viorne et sous la ronce

J’y voudrais vivre blotti.
Je voudrais être l’aveugle

Sous le porche de l’église :
Dans sa nuit sonore il chante !

Il accueille tout entier

Le temps qui circule en lui

Comme un air pur sous des voûtes.
Car il est l’heureuse épave

Tirée hors du morne fleuve

Qui ne peut plus la rouler

Dans sa haine et dans sa fange.
Je voudrais avoir été

Le premier soldat tombé

Le premier jour de la guerre.

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Chant d’un fantassin
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