Dans la pelouse endormie

Sous l’azur pâle et rêveur,

Les brises en accalmie

Bercent les bouleaux pleureurs.

En ce silence de rêve

Une voix d’oiseau

Seule et divine s’élève

Des bouleaux.
Au jour bas de l’avenue

Lointaine sous les rameaux

Deux formes sont apparues,

Deux corps enlacés et beaux.

La femme blanche, légère

Dans sa souple nudité,

Détourne sur les fougères

Un long regard velouté.
Sa tombante chevelure

Entoure son sein poli

Et, svelte, sa jambe pure,

Dans la marche, sort des plis

De la longue chevelure.

Elle marche avec cadence

Comme la ramure danse ;

Son bras d’un fin mouvement

Sur l’épaule musculeuse

De l’homme allonge, indolent,

Une caresse harmonieuse.
Quel léger ruissellement

De lueur coule des branches

Et vient dorer mollement

La cambrure de la hanche ?

Et l’oiseau chante à demi,

Retenant la mélodie

Dans le murmure assoupi

Des brises en accalmie.

Elle dit d’une âme fière :

Avec ma pâleur lunaire

Dans les bois

Je danse et chante à la fois.

Que la branche me réponde

D’une plainte balancée ;

Que la lumière soit blonde

Comme ma claire pensée ;

Que la tombante feuillée

Imite mes longs cheveux ;

Que la brise réveillée

Ait la langueur de mes jeux ;

Et si, lointaine, je pense

Dans mon vallon familier,

Que l’ombre, que le silence

Viennent s’allonger au pied

De mon corps blanc replié.
L’oiseau jette un cri de gloire

Et l’homme ayant joint les doigts

A l’air de dire une histoire

D’autrefois.

Ô plus haute que la vie,

Froide et pâle Poésie,

Lève-toi

Et pleure et danse à la fois.
Allonge vers les bouleaux

Tes bras si longs et si beaux,

Insaisissable pensée,

Et sur ta chair offensée

Ramène le triste flot

De tes tresses délacées.
Ô tristes et longs sanglots

De l’oiseau.

L’homme est mort d’avoir osé

Un baiser.

Il gît blême sur la mousse

À jamais dormante et douce

Pour ses membres reposés.
Cache à demi dans l’écorce

Du plus fort de ces bouleaux,

Rêve, ton flexible torse,

Tes deux seins jeunes et beaux

Et que l’ombre molle effleure

L’arbre pâle où l’oiseau pleure.

De la tête qui s’incline

Que la chevelure fine

Retombe avec les rameaux

Comme un long flot de pensées

Divines et balancées

Au mouvement des bouleaux.

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Poésie
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