Les Paysans

Ces hommes de labour, que Greuze affadissait

Dans les molles couleurs de paysanneries,

Si proprets dans leur mise et si roses, que c’est

Motif gai de les voir, parmi les sucreries

D’un salon Louis-Quinze animer des pastels,

Les voici noirs, grossiers, bestiaux – ils sont tels.
Entre eux, ils sont parqués par villages : en somme,

Les gens des bourgs voisins sont déjà l’étranger,

L’intrus qu’on doit haïr, l’ennemi fatal, l’homme

Qu’il faut tromper, qu’il faut leurrer, qu’il faut gruger.

La patrie ? Allons donc ! Qui d’entre eux croit en elle ?

Elle leur prend des gars pour les armer soldats,

Elle ne leur est point la terre maternelle,

La terre fécondée au travail de leurs bras.

La patrie ! on l’ignore au fond de leur campagne.

Ce qu’ils voient vaguement dans un coin de cerveau,

C’est le roi, l’homme en or, fait comme Charlemagne

Assis dans le velours frangé de son manteau ;

C’est tout un apparat de glaives, de couronnes,

Ecussonnant les murs de palais lambrissés.

Que gardent des soldats avec sabre à dragonnes.

Ils ne savent que ça du pouvoir. – C’est assez.

Au reste, leur esprit, balourd en toute chose,

Marcherait en sabots à travers droit, devoir,

Justice et liberté – l’instinct les ankylose ;

Un almanach crasseux, voilà tout leur savoir ;

Et s’ils ont entendu rugir, au loin, les villes,

Les révolutions les ont tant effrayés,

Que, dans la lutte humaine, ils restent les serviles,

De peur, s’ils se cabraient, d’être un jour les broyés.

Évaluations et critiques :

Les Paysans
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.singularReviewCountLabel }}
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.pluralReviewCountLabel }}
{{ options.labels.newReviewButton }}
{{ userData.canReview.message }}

Partagez ce que vous ressentez après avoir lu ce poème. Nous voulons savoir ce que vous en pensez!

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x