Vien ça, vien friandelette

Vien ça, vien friandelette,

Vien qu’en esbas amoureux

Ce beau printemps vigoureux,

Ma belle Francinelette,

Nous passions libres de soin,

 » Loin des peines importunes,

 » Qui volontiers ne sont loin

 » Des plus hautaines fortunes.
Il n’est rien, qui ne convie

A suyvre la gayeté,

A toute joliveté,

A toute joieuse vie.

Il n’est rien qui à l’amour

Par exemple ne nous somme :

Il ne faut perdre un seul jour,

Qu’en amour on ne consomme.
Voy, le ciel rit à la terre

Serenant l’air d’un beau jour :

Voy, la terre fait l’amour

Au ciel, et de soy desserre

De son tresor le plus beau,

Pour doire de son nossage

Etalant le renouveau

De son odoureux fleurage.
Les fruitiers de fleurs blanchissent,

Les prés se peignent de fleurs,

Et de flairantes odeurs

Tout l’air embamé remplissent.

Oy les bruyans ruisselets,

Qui clair-coulans trepignotent,

Oy les chantres oyselets,

Qui doucetement gringotent.
Voy, les oyseaux s’aparient,

Et du nectar amoureux

Enyvrez (les bien heureux)

Leurs amours dans les bois bruyent.

Voy sur cet arbre à desir

Ces tourtourelles mignardes

Sous un frissoneux plaisir

S’entrebaisoter tremblardes.
Voy (tant leur amour est forte)

Comme se voulans mesler

El’ se tachent engouler,

Tachans se faire en la sorte

De deux une seulement.

Voy comme d’un doux murmure

El’ se flatent doucement

Parmy si douce engoulure.
Voy, Francine, voy, mignarde,

Ces vignes qui les ormeaux

Lassent de pampreux rameaux.

Voy m’amie, voy, regarde

Le lierre surrampant

Qui de sa tortisse chaisne

Embrasse alentour grimpant

Le tige aymé de ce chesne.
Quoy ? mignonne, toute chose

D’amour les dons sentira,

Toute chose en jouïra,

Et nostre amour se repose ?

Quoy ? folle, devant nos yeux

Verrons-nous que tout s’ébate,

Sans que leur jeu gracieux

A mesme plaisir nous flate ?
Qu’à plaisir tout se delie

Devant nos yeux, et que nous

Voyant leur plaisir tant doux

Crevions de jalouse envie,

Sans qu’employer nous osions

Le temps que la mort nous lesse,

Oysifs, sans que nous usions

Des dons de nostre jeunesse ?

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Vien ça, vien friandelette
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