Écoute, dans le jardin qui sent le cerfeuil,
chanter, sur le pêcher, le bouvreuil.
Son chant est comme de l’eau claire
où se baigne, en tremblant, l’air.
Mon cœur est triste jusqu’à la mort,
bien que de lui plusieurs aient été, et une soit — folles.
La première est morte. La seconde est morte ;
— et je ne sais pas où est une autre.
Il y en a cependant encore une
qui est douce comme la lune…
Je m’en vais la voir cet après-midi.
Nous nous promènerons dans une ville…
Ce sera-t-il dans les clairs quartiers
de villas riches, de jardins singuliers ?
Roses et lauriers, grilles, portes closes
ont l’air de savoir quelque chose.
Ah ! si j’étais riche, c’est là
que je vivrais avec Amaryllia.
Je l’appelle Amaryllia. Est-ce bête !
Non, ce n’est pas bête. Je suis poète.
Est-ce que tu te figures que c’est amusant
d’être poète à vingt-huit ans ?
Dans mon porte-monnaie, j’ai dix francs
et deux sous pour ma poudre. C’est embêtant.
Je conclus de là qu’Amaryllia
m’aime, et ne m’aime que pour moi.
Ni le Mercure ni l’Ermitage
ne me donnent de gages.
Elle est vraiment très bien Amaryllia,
et aussi intelligente que moi.
Il manque cinquante francs à notre bonheur.
On ne peut pas avoir tout, et le cœur.
Peut-être que si Rothschild lui disait :
Viens-t’en… Elle lui répondrait :
non, vous n’aurez pas ma petite robe,
parce que j’en aime un autre…
Et que si Rothschild lui disait : quel est
le nom de ce… de ce… de ce… poète ?
Elle lui dirait : c’est Francis Jammes.
Mais ce qu’il y aurait de triste en tout cela :
c’est que je pense que Rothschild ne saurait pas
qui est ce poète-là.
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