Les Yeux gris

Le charme de tes yeux sans couleur ni lumière

Me prend étrangement ; il se fait triste et tard,

Et, perdu sous le pli de ta pâle paupière,

Dans l’ombre de tes cils sommeille ton regard.
J’interroge longtemps tes stagnantes prunelles.

Elles ont le néant du soir et de l’hiver

Et des tombeaux : j’y vois les limbes éternelles,

L’infini lamentable et terne de la mer.
Rien ne survit en toi, pas même un rêve tendre.

Tout s’éteint dans tes yeux sans âme et sans reflet,

Comme dans un foyer de silence et de cendre…

Et l’heure est monotone ainsi qu’un chapelet.
Parmi l’accablement du morne paysage,

Un froid mépris me prend des vivants et des forts…

J’ai trouvé dans tes yeux la paix sinistre et sage

Et la mort qu’on respire à rêver près des morts.

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Les Yeux gris
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