Les Voyageurs

Et par le traître écho des horizons plongeurs,

Et par l’antique appel des sybilles lointaines,

Et par les au-delà mystérieux des plaines,

Un soir, se sont sentis hélés, les voyageurs.
Partis !

Les quais étaient électrisés de lunes,

Et le navire, avec ses mâts pavoisés d’or

Et ses mousses d’ébène ornait gaîment son bord ;

Et les vagues baisaient les ponts et les lagunes.
Ce fut calme voyage, à la clarté des nuits :

Et les regards lactés des pensives étoiles

Là-haut ! et les brises du Sud bombant les voiles

Et poussant vers la terre et vers les fleurs ! – Depuis
Des tours, immensément faites avec des pierres,

Levant de hauts bras noirs sur des villes de feux ;

Et sous les toits plombés et dans les murs nitreux,

Ouverts, de grands yeux d’or en de rouges paupières ;
Et des plaines, où se battent les roux soleils

Avec les vents, les soirs, la foudre et le tonnerre

Et des gorges et des volcans et des suaires,

Infiniment, au loin, sur des sables vermeils ;
Et des temples d’airain écussonnés de glaives,

Et des assomptions de symboles chrétiens,

Et de vieux empereurs en de roides maintiens

Sur leurs trônes de fer, assis comme des rêves ;
Et des îles, ainsi que de grands piédestaux,

Parmi des lacs d’argent, d’onyx et de turquoises,

Là-bas – et des frissons marins et des angoisses

Et, tout à coup, la mer, comme un choc de marteaux.
Et des peuples lassés de leur fierté première,

Et des peuples debout vers leurs prochains réveils,

Et des ports et des ports et des phares pareils

A quelque front levé de force et de lumière ;
Jusqu’à ce soir certain, où seul, au bout du pont,

Le souvenir revient des lointaines reliques :

Le clos natal et les parents mélancoliques

Et l’horloge sonnant vers ceux qui reviendront.
Et maintenant ils sont les revenus du monde

Et les sortis de l’Océan – mais plus jamais

Pour eux, les doux bonheurs sereins des satisfaits

Ni la vie endormie en une âme profonde.
Car les soirs leur seront de tourmenteurs aimants,

Les soirs et les soleils ouverts, comme des portes,

Sur leurs rêves défunts et leurs visions mortes

Et leur amours nimbés par d’autres firmaments.

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Les Voyageurs
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