Avec ces traits harmonieux, pareils
À ceux des Nymphes pures,
Et ce teint rose et ces anneaux vermeils
Entre les chevelures,
Avec les noirs sourcils et les grands cils
Dont l’ombre solennelle
Se joue, orgueil de tes regards subtils,
Sur ta vague prunelle,
Ta beauté, lys exalté, vêtement
Joyeux, que rien n’offense,
Garde, malgré l’épanouissement,
Comme un duvet d’enfance.
Telle Artémis éveille les chasseurs
Dans la forêt sonore
Et parmi nous tu n’as pas d’autres sœurs
Que la neige et l’aurore.
Pareille aux Dieux, dont le généreux flanc,
Qu’un parfum rassasie,
Sentait courir sous la chair, non du sang,
Mais un flot d’ambroisie,
On voit frémir un rayon embaumé
Sur ton sein d’héroïne,
Et l’on sent bien que ton corps est formé
D’une essence divine.
Comme Cypris, qui porte un ciel d’amour
Dans son âme étoilée,
Et qui, malgré ses délires d’un jour,
Demeure inviolée,
Cruelle et rose et répandant l’effroi,
Femme au front de Déesse,
Tu sais que rien ne peut faner en toi
L’immortelle jeunesse.
Tu vois nos maux d’un œil indifférent,
Car tes attraits insignes
Sont invaincus plus que l’eau du torrent
Et la plume des cygnes ;
Et tant d’amours, hélas ! faits pour flétrir
Leur fraîcheur matinale,
Ô mon trésor, n’ont pas pu défleurir
Ta grâce virginale.
Février 1861.
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