Maintenant je pardonne à la douce fureur

Maintenant je pardonne à la douce fureur

Qui m’a fait consumer le meilleur de mon âge,

Sans tirer autre fruit de mon ingrat ouvrage

Que le vain passe-temps d’une si longue erreur.
Maintenant je pardonne à ce plaisant labeur,

Puisque seul il endort le souci qui m’outrage,

Et puisque seul il fait qu’au milieu de l’orage,

Ainsi qu’auparavant, je ne tremble de peur.
Si les vers ont été l’abus de ma jeunesse,

Les vers seront aussi l’appui de ma vieillesse,

S’ils furent ma folie, ils seront ma raison,
S’ils furent ma blessure, ils seront mon Achille,

S’ils furent mon venin, le scorpion utile

Qui sera de mon mal la seule guérison.

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Maintenant je pardonne à la douce fureur
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