(Imitation d’Alcée, poète grec)
Lydie, es-tu sincère ? Excuse mes alarmes :

Tu t’embellis en accroissant mes feux ;

Et le même moment qui t’apporte des charmes

Ride mon front et blanchit mes cheveux.
Au matin de tes ans, de la foule chérie,

Tout est pour toi joie, espérance, amour ;

Et moi, vieux voyageur, sur ta route fleurie

Je marche seul et vois finir le jour.
Ainsi qu’un doux rayon quand ton regard humide

Pénètre au fond de mon cœur ranimé,

J’ose à peine effleurer d’une lèvre timide

De ton beau front le voile parfumé.
Tout à la fois honteux et fier de ton caprice,

Sans croire en toi, je m’en laisse enivrer.

J’adore tes attraits, mais je me rends justice :

Je sens l’amour et ne puis l’inspirer.
Par quel enchantement ai-je pu te séduire ?

N’aurais-tu point dans mon dernier soleil

Cherché l’astre de feu qui sur moi semblait luire

Quand de Sapho je chantais le réveil ?
Je n’ai point le talent qu’on encense au Parnasse.

Eussé-je un temple au sommet d’Hélicon,

Le talent ne rend point ce que le temps efface ;

La gloire, hélas ! ne rajeunit qu’un nom.
Le Guerrier de Samos, le Berger d’Aphélie,

Mes fils ingrats, m’ont-ils ravi ta foi ?

Ton admiration me blesse et m’humilie :

Le croirais-tu ? je suis jaloux de moi.
Que m’importe de vivre au delà de ma vie ?

Qu’importe un nom par la mort publié ?

Pour moi-même un moment aime-moi, ma Lydie,

Et que je sois à jamais oublié !

Londres, 1797.

Évaluations et critiques :

À Lydie
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