Par-delà l’escalier des roides Cordillières,

Par-delà les brouillards hantés des aigles noirs,

Plus haut que les sommets creusés en entonnoirs

Où bout le flux sanglant des laves familières,

L’envergure pendante et rouge par endroits,

Le vaste Oiseau, tout plein d’une morne indolence,

Regarde l’Amérique et l’espace en silence,

Et le sombre soleil qui meurt dans ses yeux froids.

La nuit roule de l’est, où les pampas sauvages

Sous les monts étagés s’élargissent sans fin ;

Elle endort le Chili, les villes, les rivages,

Et la mer Pacifique, et l’horizon divin ;

Du continent muet elle s’est emparée :

Des sables aux coteaux, des gorges aux versants,

De cime en cime, elle enfle, en tourbillons croissants,

Le lourd débordement de sa haute marée.

Lui, comme un spectre, seul, au front du pic altier,

Baigné d’une lueur qui saigne sur la neige,

Il attend cette mer sinistre qui l’assiège :

Elle arrive, déferle, et le couvre en entier.

Dans l’abîme sans fond la Croix australe allume

Sur les côtes du ciel son phare constellé.

Il râle de plaisir, il agite sa plume,

Il érige son cou musculeux et pelé,

Il s’enlève en fouettant l’âpre neige des Andes,

Dans un cri rauque il monte où n’atteint pas le vent,

Et, loin du globe noir, loin de l’astre vivant,

Il dort dans l’air glacé, les ailes toutes grandes.

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Le sommeil du condor
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