Je suis enfant de la montagne,

Comme l’isard, comme l’aiglon ;

Je ne descends dans la campagne

Que pour ma poudre et pour mon plomb ;

Puis je reviens, et de mon aire

Je vois en bas l’homme ramper,

Si haut placé que le tonnerre

Remonterait pour me frapper.
Je n’ai pour boire, après ma chasse,

Que l’eau du ciel dans mes deux mains ;

Mais le sentier par où je passe

Est vierge encor de pas humains.

Dans mes poumons nul souffle immonde

En liberté je bois l’air bleu,

Et nul vivant en ce bas monde

Autant que moi n’approche Dieu.
Pour mon berceau j’eus un nid d’aigle

Comme un héros ou comme un roi,

Et j’ai vécu sans frein ni règle,

Plus haut que l’homme et que la loi.

Après ma mort une avalanche

De son linceul me couvrira,

Et sur mon corps la neige blanche,

Tombeau d’argent, s’élèvera.

Évaluations et critiques :

Le Chasseur
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